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A la recherche d'une place perdue, Les Ursules à Saint-Etienne

Après dix ans sans publication, le géographe stéphanois Claude Crétin publie une monographie sur la place des Ursules à travers les temps. Claude Crétin est l’auteur d’ouvrages remarquables autour de sa ville : Saint-Etienne n’est plus dans Saint-Etienne – plaidoyer pour un nouveau paysage urbain (1995), Le Cours Fauriel un miroir pour la ville (1998) et Histoire d’un Hôtel de Ville, la maison commune des Stéphanois (2002). Les Ursules est l’un des lieux de mémoire des Stéphanois qui ont connu une naissance difficile, une longue et tumultueuse histoire, avant de devenir le cœur original de l’activité commerciale en centre-ville. Claude Crétin s’est attaché à puiser de multiples informations historiques, géographiques et économiques dans les nombreuses sources historiques disponibles pour essayer de reconstituer l’évolution de cet espace urbain.

PLACE CENTRALE
Cette place des Ursules possède rapidement une vocation de place centrale comprenant de nombreux équipements essentiels à son épanouissement avec l’ouverture du cours Jovin-Bouchard (1845), le théâtre (1853), l’école de dessin (1858) et ses jardins (1863), la sous-préfecture (1860) devenue par la suite bibliothèque et musée. D’autres équipements viennent après avec les halles (1872) et enfin la bourse du travail (1904). Claude Crétin insiste aussi sur l’importance de la couverture du Furan (de 1843 à 1869) et l’ouverture du cours Saint-André (actuel cours Victor Hugo) pour la circulation des personnes et des biens.
Claude Crétin rappelle le rôle essentiel de la rivière le Furan et de la volonté municipale de la cacher aux yeux des Stéphanois. La construction de la ville stéphanoise est intimement liée à ses places emblématiques où « Marengo et Hôtel-de-Ville ont fait oublier le Furan et ses rives ; Peuple et Ursules se sont modelées sur la « mère rivière » dont elles conservent la mémoire dans leur plan. Mais, si les deux premières, ainsi que Badouillère, sont encore bien perçues beaucoup d’autres et surtout Peuple et Ursules ou encore Dorian sont très dévalorisées. »

HÉSITATIONS DES ÉDILES
Aujourd’hui, Claude Crétin analyse les importantes transformations des places et leur fréquentation. « L’Hôtel-de-Ville est resté le cœur politique et des activités ; Jean Jaurès continue Marengo comme lieu de promenade, distraction, résidence ; Dorian est encore un vestibule et point de passage ; Badouillère résidentielle somnole comme un square de quartier ; Chavanelle toujours largement ouverte peine à compléter le centre-ville ; Carnot est en voie d’intégration au futur quartier de l’ex-Manufacture. Par rapport à elles, les Ursules – Le quartier ? Le secteur ? – constitue le seul élargissement du grand axe méridien qui aurait pu donner naissance à un cœur de ville. Les contraintes du site, les hésitations des édiles, l’ont maintenu dans ce qui a présidé à sa naissance, l’ouverture d’un passage favorable à l’activité commerciale doublé d’un lieu de création. »

ÂGE D’OR
En conclusion, l’âge d’or de cette place des Ursules remonte certainement à l’entre-deux-guerres lorsque les Stéphanois pouvaient y flâner, chiner, commercer, se distraire en totale liberté pour Claude Crétin. Désormais, après cette étude, la réflexion est lancée avec l’incertitude sur le sort du parking des Ursules dont la concession s’achève en 2014. De nombreuses options sont possibles dans l’aménagement de ce cœur de ville avec soit autoriser une surface commerciale du type « mégastore », ou au contraire favoriser le retour de petites boutiques traditionnelles, ou encore revenir à la place d’antan voire poursuivre l’exploitation du ou d’autres parkings. Selon Claude Crétin, toutes ces options, « qui ont pu au demeurant avoir leur intérêt et sont plus ou moins défendables, ne sont qu’un aspect secondaire d’une question fondamentale dont la solution n’existe pas, du moins pas pour l’instant, et qui relève d’un pari sur l’avenir. »

Claude Crétin A la recherche d'une place perdue : Les Ursules à Saint-Etienne Publications de l’Université de Saint-Etienne IERP ISTHME. Tarif : 20 euros.

https://publications.univ-st-etienne.fr/product.php?id_produit=840

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